En octobre 1997 au British Museum de Londres, et sous haute surveillance, une ambulance quitte les salles égyptiennes pour l'hôpital. La momie qu'elle transporte, celle d'un jeune romain qui aurait vécu au IIe siècle av. J.-C., va subir un examen. Sans ouvrir le sarcophage, les scientifiques font apparaître une image en trois dimensions qui permet de comprendre les causes du décès, survenu il y a plus de vingt siècles. En plus de retracer l'histoire et les enjeux de la pratique de l'embaumement, le documentaire nous offre un moment exceptionnel, celui de la reconstitution d'une momification. On estime aujourd'hui que, sur une période de trois mille ans, environ cinq cents millions d'égyptiens ont ainsi été incisés, éviscérés, puis recouverts de fines bandelettes de lin. Les médecins égyptiens représentaient une élite bureaucratique, qui dès l’Ancien Empire, est célèbre et réputée dans tous les pays environnants, y compris à Sumer. Cette renommée ne faiblira pas, et même les grands Rois Perses auront des médecins égyptiens dans leur suite. L’homme est considéré comme le réceptacle des forces vitales de l’Univers. Il doit donc se maintenir en harmonie avec le cosmos, ou plutôt avec le "corps" de l’Univers créé. Dès lors, une maladie sera considérée comme la rupture de cette harmonie. Le rôle du médecin est donc de la rétablir, en combattant les causes constatées du désordre. Pour le peuple égyptien, la mort n’est pas une fin en soi, mais plutôt un passage menant à la vie éternelle. La momification dans l'Egypte antique s'inscrivait dans un rituel funéraire, et la conservation du corps était un symbole très important. La destruction de celui-ci représentait un risque très grave, car les égyptiens croyaient en l'immortalité. La mort représentait la séparation entre le support matériel et les éléments immatériels : Le "ba", qui correspond à l'âme, et le "ka", qui représente l'énergie vitale. Il fallait donc que le ba et le ka, au réveil de sa nouvelle vie, puissent réintégrer le corps, préalablement conservé. La momification avait comme but principal de purifier et de rendre divin le corps pour que celui-ci devienne un Osiris. Les momies offrent une formidable occasion, pour les scientifiques, d'étudier la vie des hommes dans le passé. La structure des os et l'observation du développement des individus, de même que l'état de la dentition, donnent des indications sur les maladies héréditaires et la nutrition. C'est également sur des momies et des cadavres exhumés que l'on s'est aperçu que les égyptiens procédaient à des opérations sur le cerveau. Des trépanations ont été pratiquées sur des sujets vivants et l'on sait qu'ils ont survécu aux interventions. Aujourd'hui, les momies ne sont plus de simples objets de curiosité, des monstres ou même des objets d'art, car les morts assistent dorénavant les vivants. Les scientifiques actuels se servent en effet des momies pour étudier les maladies anciennes, certaines opérations chirurgicales, ou le réglage de machines d'investigation dans le corps humain. Les momies oeuvrent donc pour la science médicale de demain et cela n'aurait pas été pour déplaire aux anciens égyptiens, qui accèdent ainsi à une immortalité qu'ils convoitaient tant.