Le chemin de nos vies modernes crisse à chaque pas au bruit des grains de sable qui l'ont pavé. Dans nos immeubles, nos routes, nos portables, nos médicaments ou les bouteilles de nos ivresses... Il est devenu le matériau à tout faire d'une société d'abondance. Sans que jamais n'apparaisse les circuits tortueux de cet ingrédient miracle. Bâtir, ériger, construire. Édifier le monde à notre image est devenu l’obsession de la modernité, comme si la nature devait être modifiée pour bien vivre, mieux vivre. Comme si l’on pouvait échapper au cycle de la vie en la rendant artificielle, factice. Sauf qu’à trop vouloir transformer les sols et se les accaparer jusqu’au dernier grain, c’est tout un environnement que les marchands de sable minent progressivement. Le sable : ce rien de poussière qui apparaît comme l’un des symboles d’une Terre ravagée par nos rêves aseptisés. Un trésor en apparence sans limite que nos rêves de croissance infinie pourrait finir par épuiser. Comme d'autres étendues sauvages, des glaciers aux forêts.